LES ORIGINES

Chers confrères, chers amis,

Je me sens très honoré d’avoir été appelé à intervenir lors de cette célébration du 30e anniversaire de la fondation de l’AED. Cela signifie que mon intervention au moment de la célébration du 20e anniversaire, il y a dix ans à Paris, a été bien reçue, et cela me permet d’espérer que vous m’appellerai à nouveau, si je suis encore vivant, à participer, à l’occasion du 40e anniversaire de notre association.

La célébration des trente ans d’existence – qui est déjà un succès pour une organisation comme la nôtre – est sans aucun doute un moment opportun pour commencer à nous interroger sur l’origine de l’AED, le contexte social et politique dans lequel elle est née, et les convictions et les espoirs qui ont mené sa création. Bref, pour savoir d’où nous venons pour mieux comprendre où nous sommes et où nous voulons arriver collectivement. On m’a demandé que, en tant que témoin et acteur à la phase de la fondation de l’association, je partage avec vous quelques souvenirs que je retiens dans ma mémoire en ce moment de regarder en arrière.

Je ne suis pas en mesure et je n’ai pas le temps de faire un exposé global du processus long et complexe qui a abouti à la constitution formelle de l’AED en octobre 1987. Je me limiterai donc à certains épisodes que j’ai personnellement vécus et que je considère significatifs afin d’aider à comprendre ce processus et pour le situer dans la perspective des années passées.

Le premier épisode correspond à ce que nous pourrions appeler la préhistoire de l’AED. Je me remonte à dix avant la date que nous célébrons aujourd’hui. Au printemps 1977, j’ai reçu une invitation de la section toulousaine du Mouvement d’Action Judiciaire, une organisation française de juristes de gauche, pour participer à une conférence internationale d’avocats sur la répression politique au niveau européen. L’invitation m’a été faite verbalement par un ami jeune avocat, catalan de nationalité française, et a été entouré d’un secret d’air conspiratif qui m’a attiré. J’ai accepté, en élargissant l’invitation à certains collègues de Barcelone dont j’avais confiance absolue. Après quelques jours, j’ai reçu un rendez-vous par le même conduit: nous devions être à une date et à une heure précise dans un endroit indiqué en face de la gare de Toulouse, oú nous devions attendre jusqu’à ce qu’on vint nous chercher pour nous emmener vers un endroit non identifié, où la réunion devait se tenir. Comme prévu, nous avons été transportés dans une énorme maison de campagne, isolée au milieu des champs, dans un endroit nommé, comme j’ai su ensuite, Persin-Bas, aux alentours de Toulouse. On nous a fait savoir qu’autant de mesures de sécurité étaient justifiées par la présence lors de cette réunion de quelques collègues allemands qui avaient quitté leur pays clandestinement, fuyant la police qui les liait à des organisations armées d’extrême gauche. Dans cet immense manoir décadent et dans des conditions fort précaires, plus d’une centaine de personnes de différents pays ont passé deux jours et deux nuits, sans quitter la maison pour des raisons de sécurité, et constituées en assemblée permanente. La plus part étaient des français qui avaient déjà engagé une structure organisationnelle, le Syndicat des Avocats de France, un groupe nombreux de Belges, mais aussi des Hollandais, des Italiens et un bon nombre d’Allemands. Il y avait aussi quelques basques. Pour ce qui fait le groupe de cinq avocats venus de Barcelone, qui venaient de quitter une dictature oppressive et sans expérience internationale, cette atmosphère apparaissait fascinante.

Le thème central des débats a été la critique de la législation antiterroriste alors embryonnaire, mise en œuvre sous diverses modalités dans la plupart des démocraties européennes, et ses conséquences dans la sphère judiciaire et dans la pratique de la police, dans le contexte d’une période de confrontation sociale aiguë en Europe occidentale. De ces jours intenses d’information partagée, de discussions théoriques sans fin, de multiples propositions à l’égard du rôle des avocats de gauche face à la répression politique, les participants ont retenu quelques idées claires: la nécessité de s’organiser, à la fois au niveau national et européen, pour faire face en tant qu’ avocats à toutes les violations des droits fondamentaux et des libertés publiques, au nom d’une politique sécuritaire visant à contaminer tout droit pénal et procédural et à devenir un instrument pour le pouvoir, valable pour supprimer toute expression de divergence radicale avec le système. Il a été décidé de tenir une nouvelle réunion l’année suivante 1978, avec l’intention de commencer à structurer une organisation européenne d’avocats de gauche. La rencontre, à laquelle j’ai également assisté, a effectivement eu lieu à San Sebastian, au Pays Basque. La réunion a été un échec complet, provoqué par des dissensions politiques entre les organisateurs Basques eux-mêmes qui ont monopolisé les débats, et là l’initiative a échoué. Le résultat pratique de ces expériences, cependant, a été la mise en place d’un réseau de relations personnelles entre avocats de pays et cultures juridiques différents; relations qui, en grande partie, sont devenues permanentes, et qui ont contribué à maintenir en vie l’idée d’une association européenne. Quelques années se sont écroulées jusqu’à ce que, au sein du SAF, l’impulsion a surgit de reprendre cette initiative, et il est juste que moi aussi, comme l’a fait notre présidente, rende hommage à qui fut le premier président de l’AED, Gérard Boulanger. Je suis le témoin de son activité débordante, en profitant ce vieux réseau de contacts et de relations tout au long du processus de création de l’association actuelle.

Il m’a parût intéressant d’expliquer les origines lointaines de l’AED pour mettre en évidence le fil de la continuité entre ces antécédents et les axes centraux de l’activité AED tout au long de son histoire: la défense continuée des droits fondamentaux de l’homme et des libertés démocratiques; la défense des droits de la défense et les garanties du libre exercice de notre profession; la solidarité avec nos collègues au monde entier lorsqu’ils sont réprimés précisément pour défendre la justice.

L’autre épisode dont je veux me souvenir a eu lieu dans une atmosphère très différente. C’est le moment, il y a trente ans, où j’ai signé en tant que président de l’Association Catalane pour la défense des droits de l’homme, l’acte de constitution de l’AED, dans la cadre solennel du Parlement européen à Strasbourg et dans une salle entièrement équipée de la dernière technologie, mise à notre disposition grâce au groupe parlementaire socialiste. Le contraste avec les conditions précaires de la réunion à demi clandestine à Persin-Bas m’a fait réfléchir. Il est vrai que, au cours du procès de constitution de l’AED, nous tous avions accepté de bon gré que l’association que nous étions en train de créer ne pouvait pas se réduire à un groupe militant d’avocats gauchistes centrés exclusivement en la lutte antirépressive. L’AED est née dans un contexte social et politique européen très différent de celui qui existait dix ans auparavant. L’Europe occidentale était en train de consolider ses institutions communautaires et de bâtir une nouvelle architecture juridique avec l’apparition d’un pouvoir législatif et des instances judiciaires européennes, qui étaient destinés à l’emporter sur les instances nationales. La construction de l’Union européenne était en train de provoquer des changements spectaculaires dans la politique, l’économie et la société des États membres, qui touchaient de plein l’exercice professionnel des avocats. Dans ce scénario de profondes transformations nombre des fondateurs de l’AED voyaient une opportunité pour une association comme la nôtre. Toujours optimistes, ils croyaient en la possibilité de construire une Europe unie comme espace de liberté et de démocratie, entre deux impérialismes existant alors, américain et soviétique, et dans le cadre d’un capitalisme alors relativement pacifique, dans une phase de croissance économique et avec peu de conflits sociaux. Il fallait donc profiter de ce moment historique favorable pour intervenir en défense de notre patrimoine idéologique, ce qui impliquait de donner la priorité à la présence de l’AED dans les institutions et les centres de pouvoir où se discutaient et décidaient les changements qui nous touchaient, au niveau national et européen.

D’autres, comme moi, ne partageaient pas cette vision idyllique de la construction de l’Europe et étaient plutôt sceptiques à propos de la possibilité d’exercer quelque influence dans un sens progressiste dans le cadre des institutions. Nous n’avons pas refusé d’explorer cette option, mais nous avons continué à penser qu’il était prioritaire de préserver l’indépendance de notre association en tant qu’instrument de critique et, si nécessaire, de confrontation ouverte avec les institutions dans la lutte pour une société plus libre et plus juste. Nous avons également vu avec préoccupation le danger que représentait le péage d’être instrumentalisés par quelque option politique de parti, que nous devrions payer pour être admis dans les institutions européennes,. Cette inquiétude est devenue alarme lorsque, lors d’un colloque organisé par l’AED à Maastricht en novembre 1988 sur l’aide légale, une association d’avocats de Madrid sous l’acronyme d’ADADE, dirigée par un frère du Ministre de la Justice du Gouvernement socialiste espagnol, est venue avec l’intention de s’intégrer dans l’AED. Dans sa présentation au Bureau de l’association qui devait les admettre, ils ont exprimé avec autorité et maladroitement leur prétention de convertir l’AED en une organisation sous la tutelle du groupe socialiste du Parlement européen. Face à la froideur manifeste avec la quelle a été reçue cette proposition, ADADE a désisté d’adhérer l’AED.

Dans mon discours, que je termine, j’ai attiré votre attention sur deux moments importants du processus de construction de l’AED. Au moyen de la métaphore de la confrontation entre deux scénarios aussi variés qu’une ferme dans des conditions précaires et une salle hautement technicisée du Parlement européen, j’ai voulu signaler que, dès ses origines, l’AED a été un point de rencontre et du confrontation entre deux âmes, qui, en partageant les mêmes convictions démocratiques, ont coexisté dans le même cadre organisationnel, avec des moments de tension et des équilibres instables. Mais la réalité, comme toujours, a fini par imposer sa loi. Il a rapidement été évident pour tous que la construction européenne se déplaçait de dans un sens parfaitement opposé à nos objectifs en tant qu’association, et que notre vrai lieu devait être à côté des mouvements sociaux et politiques qui luttent pour la démocratisation de l’Union européenne, l’élargissement des droits de la défense, l’extension de l’accès au droit de tous les citoyens sans discrimination et la défense radicale des droits de l’homme et des libertés fondamentales contre l’abus du pouvoir, avec indépendance de tout pouvoir, comme le disent nos Statuts dans son article 2.

L’excellent discours de notre présidente, que nous venons d’écouter, est la preuve évidente que l’engagement de l’AED avec ses objectifs fondateurs reste intact, en ce moment de crise extrême des valeurs démocratiques, de retrait des libertés et de militarisation de la société, qui touche l’Europe et le monde entier. Merci beaucoup, Madame la Présidente, pour votre discours, et pour vous tous de m’avoir écouté.

August Gil Matamala, ancien président de l’AED (2004-2007)

Berlin, 16 septembre 2017.

REGARDER EN ARRIERE ET AVANCER

REGARDER EN ARRIERE ET AVANCER, en d’autres termes tirer les enseignements de l’histoire pour éviter le perpétuel recommencement. Quelle contribution, nous, Avocats Européens Démocrates pouvons nous apporter à ce projet, de quelles vigilances devons nous faire preuve pour aller vers plus de droits fondamentaux et d’égalité chez nous, et entre les hommes, le monde étant aujourd’hui un vaste village.

Dans « Le monde d’hier » rédigé en 1941, STEFAN ZWEIG évoque sa rencontre avec Romain Rolland en 1913 et en rapporte sa conversation au sujet de « Jean Christophe », œuvre de Romain Rolland dont le héros incarne l’espoir d’une humanité réconciliée. Rolland devait lui expliquer alors avoir « essayé par cet ouvrage de s’acquitter d’un triple devoir en exprimant sa reconnaissance à la musique, sa foi en l’unité européenne et un appel à la conscience et à la raison des peuples. Maintenant, disait il, nous devions tous agir, chacun à sa place, chacun dans son pays, chacun dans sa langue. Il était temps d’être vigilant, de plus en plus vigilant. Les puissances qui poussaient à la haine étaient, en raison même de la bassesse de leur nature, plus véhémentes et plus agressives que les forces de conciliation… ».

L’histoire nous a enseigné ce qu’il en a été.

 

Quelques pages plus loin, évoquant l’ascension d’HITLER, et l’absence de crainte éprouvée par les citoyens, en 1933, il écrit : « quelles violences pouvait-il exercer dans un état où le droit était fortement ancré, où la majorité du Parlement était contre lui et où chaque citoyen de l’état croyait sa liberté et l’égalité des droits assurées par la Constitution solennellement jurée ? puis vint l’incendie de Reichstag, le Parlement disparut ; Goering lâcha ses bandes déchainées, d’un seul coup, tout droit était supprimé en Allemagne… » Personne ne pouvait croire à ce qui se produisait. Et pourtant…

 

La construction de l’Europe s’est faite pour éviter que les abominations de ces deux guerres mondiales ne se reproduisent. Il s’est agit de construire un espace de paix et de stabilité. Y est on vraiment parvenu ?

Depuis 1950, les accords se sont succédés, les alliances se sont multipliées, le nombre de pays concernés s’est élargi, d’autres frappent à la porte, pleins d’espoir…tandis que certains ont des velléités d’en ressortir, l’Europe leur imposant des règles économiques impossibles à tenir et mettant leur population à genoux, ou refusant les solidarités qu’elle est censée organiser…

 

Dans cette Europe de « paix et de stabilité » les mots n’ont pas le même sens pour tous ; les droits fondamentaux des uns se rétrécissent, tandis que la prospérité des autres s’accroit.

 

Les relations de l’Europe, sortie de la période de colonisation, avec les états tiers ne cessent de se complexifier au fur et à mesure que les circulations de populations s’accélèrent, intensifiées par les guerres, les violences, la faim, les désordres climatiques…

 

La montée de nationalismes se fait à nouveau sentir ; la peur de l’autre augmente ; le rempli sur soit s’accentue…et les libertés régressent.

 

Le rôle des avocats n’en est que plus essentiel, comme garants des libertés et des droits individuels et collectifs, mais aussi comme « lanceurs d’alerte ».

 

L’AED est née il y a trente ans, en octobre 1987, deux ans avant la chute du mur de BERLIN, lieu emblématique s’il en est. C’est à Berlin que nous nous retrouvons aujourd’hui pour célébrer les 30 ans de notre association.

Des avocats progressistes de six pays européens ont décidé, à l’initiative de Gérard BOULANGER, avocat bordelais, ancien président du SAF, d’unir leurs forces pour défendre les valeurs démocratiques, préserver l’indépendance des avocats à l’égard de tout pouvoir, qu’il soit politique, social, économique ou ordinal, préserver leur intégrité physique, politiques et économiques de manière à leur permettre d’œuvrer pour un véritable accès aux droits et aux juridictions nationales et internationales à tous.

 

Aujourd’hui des confrères de deux autres pays nous ont rejoints, la Turquie et la Grèce, pays particulièrement emblématiques des besoins de justice sociale et de liberté.

 

L’AED est une association d’associations et non de membres individuels.

Cette structure a permis la continuité pendant toutes ces années :  chez nous, pas de stars qui, un jour, s’en sont  allés et ont laissé ainsi mourir tant de mouvements sans lendemain.

Au contraire, nous avons tenté de cultiver une double et exigeante démocratie interne :  débats dans chaque association membre, et, ensuite à nouveau, débats à l’AED.

Des centaines d’avocats se sont engagés bien sûr à titre individuel, avec énergie et sans compter : les remercier ici tous sans pouvoir les nommer.

 

Notre vigilance et notre engagement se doivent de ne pas mollir. Rien n’est acquis, bien au contraire.

 

Nous voyons avec effroi nos pays européens s’unir pour organiser l’exclusion des hommes, des femmes et des enfants qui frappent à nos portes venant de pays dévastés. Nous voyons les ONG qui tentent de sauver des vies en Mer Méditerranée harcelées et empêchées dans leurs actions humanitaires ; nous voyons incriminés chaque jour, des citoyens qui n’ont rien commis d’autre que des gestes d’humanité et de solidarité. En France Cédric HERROU, agriculteur de la Vallée de la Roya, vient d’être condamné à 4 mois de prison avec sursis, par la Cour d’ Appel d’ Aix en Provence pour être venu en aide à des migrants désespérés. Il est placé en garde à vue plusieurs fois par mois, à titre d’intimidation…

 

Dans le même temps, des groupes d’extrême droite parviennent à lever des milliers d’euros pour affréter un bateau n’ayant pas d’autre but que de repousser et de renvoyer à la mort ceux qui tentent la traversée de la Méditerranée, sans que nos états n’interviennent d’aucune manière. Les situations inhumaines se multiplient dans nos villes , que se soit à CALAIS, à PARIS,à CEUTA et MELILLA, en Italie, en Grèce…même la situation des mineurs n’est plus traitée comme nous y sommes pourtant tenus par des textes nationaux et internationaux.

 

Est-il utile de rappeler que le « délit de solidarité », ou plus juridiquement « l’aide à l’entrée, au séjour et la circulation » de manière intéressée ou désintéressée constitue un délit depuis 1938 ! ah quand l’histoire s’invite dans le débat… Georges GUMPEL, 80 ans aujourd’hui, enfant juif caché, séparés des siens, orphelin d’un père mort dans un camp, a lancé le 21 février dernier le « manifeste des enfants cachés » déclarant « sans la solidarité de délinquants nous ne serions pas là ». Il ajoute : « les gens qui nous ont cachés et ceux qui aujourd’hui portent secours à ces exilés sont la conscience de la société civile, sa rigueur… »

 

Aujourd’hui en France, ces délinquants solidaires de la dernière guerre sont considérés comme des « justes », mais ceux d’aujourd’hui sont bien traités comme des délinquants !

 

Les accords passés avec la Turquie et bientôt avec la Lybie sont inouïs, confiant la gestion de NOS frontières à des états dont on ne peut ignorer les comportements.

 

Les avocats de l’ AED se sont pleinement engagés sur ces questions, dans chacun de nos pays.

 

Les droits sociaux des citoyens d’Europe sont dans le même temps chaque jour remis en cause : l’aide juridictionnelle de plus en plus contestée et réduite ; le droit du travail remis en cause au nom du libéralisme et du droit d’entreprendre ; la répression des mouvements sociaux et le recul des libertés justifiés au nom de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme…chacun s’accoutume à moins de liberté.

 

Les avocats de l’ AED ne s’y habituent pas. Ils ont fondé la « legal team europe », réseau international d’avocats pour la défense des manifestants lors de sommets du G 8 ou de Conseils Européens ; ils ont été partie civile dans le procès de Gênes, par la voix de Gilberto PAGANI notre ancien Président ; ils participent au réseau européens d’avocats en droit du travail ; ils ont menés des actions pour sauvegarder l’accès aux droits des plus faibles…

 

L’ AED se doit évidemment d’assurer une veille relative à la sécurité des avocats et d’organiser la solidarité quand elle est remise en cause. C’est ainsi que depuis de nombreuses années nous avons organisé la « journée de l’avocat menacé », chaque 24 janvier ; un certain nombre d’associations et d’organisations professionnelles nous ont rejoint dans cette démarche et nous ne pouvons que nous en réjouir.

 

Notre attention s’est portée sur la situation de nos confrères, en Colombie, en Turquie, en Iran, aux Philippines, en Chine, au pays Basque, au Honduras…

 

Disons clairement que cette dernière année a été particulièrement préoccupante pour le sort réservé à nos confrères turcs, défenseurs des droits de l’homme et des libertés fondamentales, auxquels nous tenons à réaffirmer ici notre totale solidarité et soutien et à rendre hommage à leur courage.

 

Ce colloque doit être l’occasion de nous renforcer mutuellement, de nous remotiver si nous en avons besoin, de nous conforter dans notre besoin de liberté et de solidarité et de repartir chacun chez nous forts de la phrase de ROMAIN ROLLAND : « nous devons tous agir, chacun à sa place, chacun dans son pays, chacun dans sa langue. Il est temps d’être vigilant, de plus en plus vigilant ».

 

 

 

30 years of Activism

The association European Democratic Lawyers, AED-EDL is celebrating 30 years of work in defence of the rights of citizens. This federation of European lawyers has aimed at preserving the independence of lawyers with regard to any power, be it political, social, economic or ordinal.

Much has changed since 1987:Back then, the European Union seemed to be able to provide a common space, characterized by the creation of a democratic, modern and human European law. Thirty years later, we meet to discuss the changes in Europe, the strategies to defend fundamental rights and the solidarity with our colleagues all over the world.

30yearsACTIVISMFINAL-B

We hope to see you in Berlin!

Download our invitation in English: Berlin – 30years or in French: Berlin -30 ans

 

Report on the International lawyer conference in Ankara

Report by Hans Gaasbeek about the international lawyer conference held in Ankara (Turkey) between the 13th and 15thof January, 2017

The ‘International Conference On Law, State of Emergency And Judicial System in Turkey’ was co-organized by different European lawyer organizations like: the AED (European Democratic Lawyers), the ELDH (European Association of Lawyers for Democracy and World Human Rights) and the Foundation Day of the Endangered Lawyer.

The conference was also co-organized by the European organization of judges MEDEL (Magistrats Européens pour la Démocratie et les Libertés). A great number of bar associations of cities in all corners of Turkey was co-organizer and had a big impact on the programme and organization of the conference.

The conference was held in Hotel Plaza in Ankara, where a lot of international colleagues were staying for the weekend.

This was a pleasant hotel with a very well-equipped conference room. There was no special security, except for one unarmed person at the entrance of the hotel. There was a huge interest from Turkish lawyers in the conference. They were coming from over 30 Turkish cities. There were 300/400 lawyers and judges taking part. 6 panels were organized with different speakers, who highlighted their specific subject. The subject of the speeches was the actual situation of the disappearing state of law in Turkey.

It was very different from other lawyer conferences. In this conference there was a lot of attention for the other professionals who are also endangered. There was a journalist panel, a judges panel, a panel of members of parliament. The panels of the journalists, judges and members of parliament and also the international panel and the Turkish lawyer panels have painted a very accurate picture of the actual situation and how the different professions are threatened and have to work in an atmosphere of fear and intimidation.

In the international panel I informed the public about the way the Dutch social lawyers association VSAN works and about the way of working of the Foundation Day of the Endangered Lawyer. I also invited the lawyers of the 30 Turkish cities to manifest themselves on the Day of the Endangered Lawyer for the general position of the lawyers and the attacks on the Rule of Law. I explained how the actual difficult situation in Turkey is seen by the politicians and press in Holland. During the congress I was in contact with a journalist of the Dutch newspaper Algemeen Dagblad a couple of times; he published a small interview with me on the internet (a copy of this interview is attached to this report). I was the only person from the Netherlands present on this international conference.

Because of the fear for tensions and possible problems for the organizors of the conference, I had informed and invited the Dutch embassy to take part in the conference. After a few contacts via e-mail we were able to establish a good working relationship with the second secretary of the embassy, who was present during the afternoon programme on the second day of the conference. I introduced him to a lot of judges and lawyers who represented the different Turkish bar associations and the international organizations. He was the only diplomatic visitor, which gave the conference an extra dimension, also from the point of view of safety.

The former German judge Ingrid Heinlein was also present at the conference. We had already been in touch with her in 2016, when the Day of the Endangered Lawyer focused on the difficult situation of the lawyers and judges in Honduras. This judge had taken part in a fact-finding human rights mission in Honduras two years ago. She has already been a member of the international European judges organization MEDEL for more than 20 years, and is also a member of the German ‘judges for judges’-association. I also contacted the Dutch foundation Rechters voor Rechters (Judges for Judges) about the Ankara conference. The president of this foundation had also thought about taking part in this conference.

During the conference, there were no real problems with the Turkish police or justice authorities, apart from one incident: the Italian lawyer Barbara Spinelli – who was going to speak at the conference – was stopped at the airport in Istanbul. They arrested her and made her spend one night imprisoned, before sending her back to Italy the next day. She was hindered in taking part in the conference, while she was one of the speakers of the international panel.

During the conference a lot of information was given to the lawyers and judges present. After the failed coup attempt 70.000/80.000 people were put in prison. Among them were 3007 judges and prosecutors and about 300 lawyers.

Detaining so many judges and lawyers is a very, very intimidating action for these professions and, in my view, it means the abrupt end of the Rule of Law in Turkey. We cannot possibly speak of an independent judicial system anymore, in which no political or other state power influences decisions. At the moment the government exercises extreme power over the judiciary. This is an unacceptable situation for a democracy.

Those present in the conference were told that many radio stations and television stations and newspapers were closed by the government. The speakers in the panels were under the impression that after the coup, many people were arrested arbitrarily and for not very logical reasons. Judges, lawyers and prosecutors were arrested randomly. Furthermore, at the conference it was said that the Turkish government didn’t do any serious investigation on the real perpetrators after the coup. It was even said that the investigation had already been closed or would close very soon.

At one lawyers office 7 lawyers were arrested. One of the people still representing this office gave me a small file with a request for help. The last remaining lawyer at this office – who had not yet been arrested – had to offer legal assistance to his own colleagues.

After being arrested, judges and lawyers are being kept in detention, according to their Turkish colleagues, in opposition to the rules of the European Convention on Human Rights and against the standards of the Turkish detention laws. Arrested lawyers and judges are not allowed to see a lawyer, and if they are, it is – in the best case – only half an hour per week. All contacts with their lawyer and with third parties are being recorded and monitored by police officers in prison. Official papers are being copied by the prison authorities. Besides that, lawyers are directly identified with their clients who are often accused of being part of the Gülen movement.

I was impressed by the very strong solidarity between all the lawyers coming from more than 30 Turkish cities from all over the country. The Turkish lawyers were very happy to have the support of the co-organizing European lawyer organizations and the organizations of judges. All the international guests were treated with big hospitality and personal support.

Among the many arrested lawyers and judges there are also many presidents from local bar associations and even from courts. The Turkish media who are pro-Erdogan and who are pro-the Turkish government are often accusing the arrested jurists of being terrorists, which makes it easier for the government to treat the arrested more severely and facilitates even more restrictions during their detention.

Since July 2016, the Turkish government has lifted c.q. suspended the working of the ECHR, by declaring a state of emergency and prolonging this afterwards. In Turkey groups and individual persons are often being accused of being a member of a criminal organization. Furthermore there have been many house and office searches in the homes and working places of arrested lawyers and judges. There have been many complaints about the treatment of people in detention. Many detained lawyers and judges complain about the fact that they were harmed psychologically and physically because the lights in their cells were on the entire night, so they couldn’t sleep. The detained lawyers and judges are often humiliated; they complained of being exposed in handcuffs in court houses.

There seems to be a situation of growing lawlessness, which is not only increasing for the arrested judges and lawyers, but also for those who have not yet been arrested.

We have been informed that the prosecution of judges and lawyers in Turkey is done with many faults and in a very careless manner. Many people are accused, without any real evidence or proof. Also, most of the times the actual exact accusation is very unclear. Often, it appears that the accusations are quite bizarre like undermining the state, doing terrorist acts or being a member of a criminal organization. Especially since the Turkish government has forbidden many, many organizations, also two well-known lawyer organizations, OHD and CHD, people can now be arrested quickly and be seen as an offender when they are a member of such forbidden lawyer organizations or active in such organizations.

The Turkish colleagues took very good care of their foreign colleagues. We were picked up and brought back to the airport and treated with a lot of hospitality.

From my contacts with many Turkish colleagues at the conference, it appears to me that many people are exhausted because of the continuous pressing political situation. It was clear that the colleagues are suffering because of this actual political situation. In Ankara, there was a lot of police on the street and it was no longer a town with atmosphere.

At the diner in the building from the bar of Ankara, the situation was quite different. After a very nice dinner, we heard people singing Turkish songs and dancing. After saying goodbye to our colleagues we took the bus to the airport and left with mixed feelings. We were leaving while they had to continue living in this difficult situation.

Hans Gaasbeek

International coordinator of the Day of the Endangered Lawyer, president of the Foundation Day of the Endangered Lawyer and vice president of the Dutch League of Human Rights

The day of the Endangered Lawyer

The Day of the Endangered Lawyer is an initiative started by AED‐EDL in 2010, on behalf of the lawyers of Iran. The date of 24 January was chosen in remembrance of the assassination of 4 trade union lawyers and one employee in Atocha Street of Madrid in 1977 (Massacre of Atocha), during the Spanish transiciòn after the death of the dictator Franco (in 1975).

The countries denounced on this occasion have been: Iran, Turkey, the Basque country, the Philipines and Colombia.

On the 22nd of January 2016, lawyers all over Europe will demonstrate in front of the embassies of Honduras. Join us!